Le sermon sur la montagne
Rassemble tes fils qui sont mes fils, ô scoutmestre ! et fais-les asseoir sur l’herbe par patrouilles, huit par huit, autour de moi, comme s’asssirent jadis mes Apôtres lorsque je parlai aux foules sur la montagne, car je vais leur dire les mêmes paroles.
Bienheureux les scouts qui ont l’esprit de pauvreté et qui n’envient point les riches, parce que le royaume des cieux est à eux.
Bienheureux les scouts qui sont doux, car rien ne résistera à leur influence.
Le scout a toujours l’air content, mais tout de même, bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Bienheureux les scouts qui ont faim et soif de tout ce qui est juste et droit, car moi, la Justice, je les rassasierai.
Bienheureux les scouts qui savent pardonner, car je leur pardonnerai à mon tour.
Bienheureux les scouts au cœur pur : ils verront Dieu.
Et ceux qui mettent la paix là où ils passent : on les appellera mes enfants.
Et bienheureux surtout les scouts qui souffrent pour rester bons, honnêtes et purs : ceux-là ils tiennent leur paradis.
On se moquera de vous parce que vous êtes scouts et mes scouts ; on vous exclura et les enfants vous jetteront des pierres, et on proscrira votre nom comme funeste et l’on dira du mal de vous pour me faire honneur.
Réjouissez-vous, ce jour-là, car vos ennemis sont dans l’erreur, et vous vivez la vraie vie.
Vous êtes le sel de la terre, vous mes Apôtres, disais-je, vous aussi, mes scouts, et vous l’êtes doublement, chefs de patrouille.
Si le sel s’affadit, comment lui rendre sa saveur ?
Si le scout s’attiédit, comment lui rendre sa ferveur ?
Il n’est plus bon à rien, qu’à être jeté dans la rue.
Vous êtes la lumière du monde, - « Eclaireurs ».
Quand on bâtit une ville sur les hauteurs, ce n’est point pour la cacher ; et une lampe, quand on l’ allume, ce n’est pas pour la mettre sous un boisseau ou sous un lit : on la met sur un chandelier afin qu’elle éclaire les gens de la maison et les visiteurs.
C’est ainsi que la lumière de votre scoutisme doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient vos Bonnes Actions, et qu’ils glorifient le Père qui est dans cieux.
Ce qui fait le scout, c’est sa loi.
Vous avez une loi qui est la mienne, car elle contient l’essentiel de mon Evangile et les vertus naturelles sans lesquelles je ne puis rien faire, et à peine y pouvez-vous manquer sans enfreindre mes commandements.
Celui donc qui transgressera la loi et apprendra aux autres à l’imiter sera le dernier dans le royaume des scouts, et peut-être aussi le dernier du royaume des Cieux.
Mais celui qui observera sa loi et l’enseignera parfaitement aux autres, celui-là est mon chef de patrouille préféré, en qui j’ai mis toutes mes complaisances.
Le scout est le frère de tout autre scout. - Quiconque insulte son frère comparaîtra devant le Conseil.
Comment pouvez-vous assister à mon sacrifice et réciter le Pater, si vous n’avez pas pardonné à votre frère. Avant donc, réunissez-vous, mes fils, et venez communier ensemble fraternellement.
« Œil pour œil, dent pour dent », n’est pas une maxime de chrétien.
Si on vous fait du tort, comme individu ou comme troupe, vous ne devez pas vous venger, mais gagner le cœur de vos ennemis.
Et si quelqu’un vous refuse un terrain de campement, allez encore plus loin qu’il ne l’exige.
Si les gamins du village viennent assister à votre repas, offrez-leur d’y prendre part, et s’ils n’osent pas demander un morceau de pain, donnez-leur en deux.
« Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux ».
Jadis on disait aux Juifs : « Aimez votre prochain, haïssez votre ennemi », et moi je vous dis : Aimez vos ennemis, rendez service à ceux qui vous détestent ; ceux qui se moquent de vous, gagnez leur cœurs et faites-en des scouts, et priez pour ceux qui suscitent des embarras à votre troupe et qui calomnient mes scouts et le scoutisme, n’y comprenant rien.
Le beau mérite de n’aimer que ceux qui vous aiment. Le scout est l’ami de tout le monde.
Faire la Bonne Action envers ceux qui vous rendent service, c’est à la portée du premier venu.
Saluer vos frères seulement, ce n’est pas là la vertu chrétienne.
Saluez donc fraternellement les scouts qui ne pensent pas comme vous et qui n’ont qu’une loi tronquée qui ne s’appuie pas sur la mienne.
Ce n’est pas leur faute si on ne leur a jamais parlé de Moi.
Ne les jugez pas sévèrement. Demain peut-être seront-ils meilleurs que vous.
Et entre vous soyez indulgents. Ne vous condamnez pas les uns les autres. Si j’étais aussi sévère pour vous que vous l’êtes entre vous, y aurait-il un seul scout en mon paradis ?
Pourquoi dire : Un tel ne travaille pas, il ne possède encore aucun badge et il a mauvais caractère… quand tu manques en secret à la règle dixième[1] ?
C’est toujours l’histoire de la paille et de la poutre. Enlève d’abord la poutre de ton œil, après cela nous verrons.
Soyez purs.
Si un ami qui vous est cher comme la pupille de l’œil vous porte au péché, faites-le partir. Si un chef de patrouille, qui vous est aussi utile que votre main droite, est une occasion de chute pour ses frères, retranchez-le sans pitié, comme vous amputeriez votre main droite si elle était gangrenée.
Mieux vaut pour vous perdre un ami, mieux vaut pour la troupe perdre un boute-en-train et un vrai chef que de sombrer vous-même dans le péché ou de voir la troupe déchoir de mon amour.
Car qui ne vous aide pas à servir Dieu d’abord ne sert à rien qu’à vous damner.
Soyez francs. Quand on vous demande si quelque chose est vrai, dites simplement oui ou non. Cela suffit. Si vous n’avez qu’une parole, on vous croira.
Ne faites pas vos Bonnes Actions pour être admirés des hommes, autrement cette admiration sera votre seule récompense, et bien vaine, si même vous l’obtenez.
Quand vous avez sauvé un enfant sur le point de se noyer, n’envoyez pas le récit de l’accident aux journaux, et si l’on vous demande votre nom, dérobez-vous en disant : je suis scout. Cela suffit.
Et si vous donnez une fête de charité pour une bonne œuvre, il est inutile de publier le montant de la vente ou du concert.
Que vos bonnes actions restent secrètes – entre Moi et vous.
Cela ne veut pas dire qu’il faille vous cacher pour les faire – ni que vous deviez les dissimuler à votre aumônier ou à votre scoutmestre quand ils vous en parlent.
Car ils ont le droit et le devoir de s’en informer et de savoir si vous pratiquez la loi scoute et si votre foulard est dénoué légitimement.
Mais je déteste la vanité et l’ostentation.
Père Sevin
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