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1911/1920
1911/1920 : Initiatives scoutes catholiques en France

La guerre sévissait encore : ruines et deuils s’accumulaient. Chaque jour de nouveaux noms, très chers, s’ajoutaient à la liste funèbre. Il nous semblait que l’Ange de la mort avait marqué chacune de nos demeures afin que notre peuple décimé offrit en holocauste ses premiers nés. La France était montée au sacrifice avec sa foi, son enthousiasme, sa volonté, son obéissance des grands jours. Ceux qui mourraient et ceux qui acceptaient de voir mourir les leurs, luttaient de courage et de générosité. Ils s’étaient simplement haussés à la grande loi de la chrétienté : mourir pour vivre.

Membres et corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, ils communiaient ainsi à l’acte suprême de la rédemption. Un million et demi de nos meilleurs enfants formèrent cette cohorte de martyrs. Avec angoisse, nous regardions vers la génération montante. Que serait-elle ?... Les cadets rendraient-ils vain les sacrifices des morts et des vivants, des disparus et des revenants, ou comprendraient-ils la leçon des aînés et recueilleraient-ils de leurs mains pieuses l’héritage qui leur était légué ?...

 

Notre essai de scoutisme fut la réponse à ce souci : les « ENTRAÎNEURS CATHOLIQUES DE FRANCE »  (plus communément appelés « ENTRAÎNEURS SAINT HONORE D’EYLAU ») dont la plupart des jeunes sont issus du lycée Janson de Sailly, sont fondés en Octobre 1916 par le CHANOINE CORNETTE, aidé des frères MARCEL et PAUL COZE. C’est à vrai dire le troisième groupe de scouts catholiques fondés sur Paris. Le groupe mené par EDOUARD DE MACEDO adopte une règle avec 9 codes, une devise, des devoirs et un serment. Lorsque la volonté de l’entraîneur s’est montrée fidèle à ces principes et après une ou plusieurs années, il est admis à prêter le serment des entraîneurs. C’est l’association la plus proche du modèle scout catholique créé en 1920. 

 

Mais d’autres groupes catholiques apparentés au scoutisme ont aussi existé : probablement initié par l'ABBE PADIAL en 1911, le « PATRONAGE PAULIANI » de Nice est repris par l’ABBE D’ANDREIS qui met sur pied les « ÉCLAIREURS DES ALPES » en 1913. C'est mouvement alpin soutenu par l’évêque MONSEIGNEUR CHAPON qui souhaite étendre le mouvement au niveau national. Devenus les « ÉCLAIREURS CATHOLIQUES DE FRANCE » en 1915 ou 1916, il y aurait eu jusqu’à treize unité regroupant près de six cents garçons pour l’ensemble des troupes provençales. Les activités du groupe sont très proches de celle du scoutisme de l’époque tandis que l’orientation parait proche du Sillon mais aussi patriotique. Le fondateur parait avoir considéré le scoutisme comme une activité destinée en priorité aux grands adolescents. C’est l’abbé d’Andréis qui édite le premier manuel de l’éclaireur catholique en 1916.

Paul et Marcl Coze en 1913

Paul et Marcel Coze en 1913

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Les entraîneurs Saint Honoré d'Eylau en 1920

En Novembre 1915, avec les garçons d’un patronage, le Cercle Saint Louis de Gonzague, l’ABBE ANDRE DE GRANGENEUVE, vicaire, crée une sorte d’unité scoute sur la proposition d’un garçon de quartier : LUCIEN GOUALLE. Le petit groupe prend le nom de « VAILLANTS COMPAGNONS DE SAINT MICHEL ». Puis l’abbé étant mobilisé, les enfants sont repris par Goualle qui leur incorpore son propre petit groupe de « DIABLES BLANCS » constitué un peu par hasard avec des gamins qui traînaient sur les bancs du cours de Vincennes. Après 1918, l’ensemble prend la forme d’une troupe mais les fonds manquent et les jeunes ne peuvent camper pour la première fois qu’en 1919 grâce au matériel que leur prêtent les « INTREPIDES DU ROSAIRE ».

 

Ces « INTRÉPIDES DU ROSAIRE » sont le premier groupe apparenté au scoutisme sur Paris. Issus d’un patronage très dynamique de Seine et Marne, ils sont créés par HENRI GASNIER et l’ABBE MARCEL CAILLET vers 1912 ou 1913 sur la paroisse Notre Dame de Plaisance dans le quatorzième arrondissement. Il existe encore d’autres groupes tels que la « MILICE SAINT MICHEL » créée en 1912 par LOUIS FAURE au Creusot dans la Saône-et-Loire mais aussi les BOYS SCOUTS de Chalons sur Marne, ceux de Cette, ceux de Sainte Jeanne d’Arc et ceux d’Aigues-Mortes, les CADETS DE JEANNE D’ARC, le PATRONAGE SAINT THOMAS D’AQUIN initié par le PÈRE AUVRAY curé de Saint Léon au Havre, ou encore les SCOUTS MENTONNAIS. Moins connus à l'époque, mais beaucoup plus les années suivantes, citons les SCOUTS DU PÈRE SEVIN.

 

Le PERE SEVIN découvre le scoutisme au début des années 1910  et aide JEAN CORBISIER à développer le scoutisme catholique belge dès Mai 1912. A ce moment, le scoutisme est vivement critiqué par le Père jésuite Caye et certains évêques s'opposent au développement du scoutisme en France. le Père Sevin étudie alors plus précisément le scoutisme anglais au cours d’un rallye en 1913. Là-bas, le scoutisme catholique est soutenu par le CARDINAL DE WESTMINSTER. Ordonné en 1914, le Père Sevin fait ses premiers essais du scoutisme au collège Notre Dame du Tuquet à Mouscron en 1916. C’est lui qui défendra le scoutisme afin de pouvoir le développer. Revenu en France, il crée dans le milieu populaire de la paroisse Saint Sauveur la 1ère Lille en 1918. Mais en France, la nécessité d’un mouvement vraiment catholique se fait jour, réclamé par la jeunesse.

 

En France, on ne veut pas faire fusionner les mouvements comme en Angleterre, entre protestants et neutres, laissant à chaque mouvement le choix de sa religion. Le CHANOINE CORNETTE est lui aussi convaincu qu’il faut créer une fédération capable de prendre place dans l’action catholique naissante. Après deux ans de négociations, les discussions semblent ne pas avancer. Lorsqu’il revient du front à la fin 1918, l’ABBE D’ANDREIS a le sentiment de s’être fait doubler par Cornette. Chaque groupuscule veut garder son identité. Découvrant l’action du PÈRE SEVIN, sa vision pragmatique du scoutisme catholique est finalement celle qui va être retenue et le 25 Juillet 1920 est créée la « FÉDÉRATION NATIONALE CATHOLIQUE DES SCOUTS DE FRANCE ». La majorité des groupes y adhèrent tout en conservent leurs noms d’origine et les premiers numéros d’unités apparaissent.

1920 - Les Vaillants Compagnons de St Mi

Les Vaillants Compagnons de Saint Michel en 1920

Baptême SDF
Le baptême du scoutisme catholique français

Fondé par l'Angleterre protestante, le Scoutisme vient de traverser la Manche pour s'établir sur le sol de le France catholique. Son entrée chez nous, eut lieu sous les auspices de l'esprit de laïcisme ou de protestantisme. A côté des « ECLAIREURS DE FRANCE » officiellement neutres, on a vu se former le groupe officiellement protestant des « ÉCLAIREURS UNIONISTES ».  Les catholiques se sont émus de ce mouvement qui entraînait la jeunesse française et plusieurs groupes catholiques dont des patronages se rapprochent de la méthode scoute. Toutefois, ils restent encore très dispersés. Pendant ce temps, en Italie, le CARDINAL GASPARRI dans une lettre d’Octobre 1919 envoyé au CARDINAL GIBBONS : « a déclaré ce mouvement, au nom du Pape, digne de la plus haute recommandation ».

 

En Mars 1920, le CHANOINE CORNETTE introduit le PÈRE SEVIN dans une réunion de ce qui devient le « COMITÉ ORGANISATEUR DES SCOUTS DE FRANCE ». De son côté, le Père Sevin présente un rapport déjà très riche : loi, chants, retraites, spirituelles, insignes, uniformes… et non sans difficultés, il arrive à s’imposer. Persuasif, il a aussi l’avantage d’avoir côtoyé BADEN-POWELL, fondateur du scoutisme, et après quelques semaines de délibération, il est nommé secrétaire général. Durant son séjour en Italie, il met alors au point le règlement intérieur et avec Cornette, ils obtiennent que le GÉNÉRAL DE MAUD’HUY, soldat et chef reconnu, catholique fervent, devienne chef scout. Le 25 Juillet 1920, le premier règlement paraît : c’est la création officielle des « SCOUTS DE FRANCE ».

 

L’association est précise dans ses règles et répond à certaines accusations de clercs faites contre elle : au lieu de s’appuyer sur une religion quelconque ou sur l’indifférence religieuse, ILS PRENNENT POUR FONDEMENT LA RELIGION CATHOLIQUE. Les Scouts de France pratiquent le scoutisme intégral tel qu’il est venu d’Angleterre, mais ils l’adaptent à leur catholicisme et à leur sentiment national. Écoutons ce que dit GEORGES GOYAU, protecteur des SDF : « Quant à l’idée même du scoutisme, elle est, en son essence, une vieille idée chrétienne, fille du catholicisme médiéval. Pourquoi la France catholique du XXème siècle se refuserait-elle à reconnaître cette revenante et marchanderait-elle son aide à ceux qui veulent la ressusciter ? Le scoutisme peut devenir un instrument de formation morale et de réformation morale, comme le fut au Moyen-Age LA CHEVALERIE ».

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Le Chanoine Cornette

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Le Père Sevin

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Le Général de Maud'Huy

Chez les Scouts de France, chaque troupe est dirigée au point de vue religieux par UN AUMÔNIER. Ils sont désignés par le curé de la paroisse ou le directeur de l’établissement lorsqu’une troupe est fondée à titre d’œuvre paroissiale ou dans un établissement à direction ecclésiastique. Ils doivent se mettre en rapport avec la fédération. Enfin, des aumôniers diocésains représentent leurs évêques auprès de la fédération. C’est donc la COLLABORATION ÉTROITE ENTRE LE CHEF ET L’AUMÔNIER DANS LA DIRECTION DE LA TROUPE qui va permettre au scoutisme l’union continue entre la formation morale et religieuse et la formation civique. La fédération met en avant les valeurs du catholicisme dans sa LOI SCOUTE, ses PRINCIPES, ses règles, et son engagement de la promesse : « SUR MON HONNEUR ET AVEC LA GRACE DE DIEU (…) »

 

Audacieusement peut-être mais confiants dans l’avenir, ils s’en allaient au nombre d’une bonne douzaine représenter la fédération naissance au premier JAMBOREE DE LONDRES pendant l’été 1920. Ce fut le premier geste national et international du scoutisme catholique français. Son éminence le CARDINAL BOURNE, archevêque de Westminster le consacrait par cette bénédiction écrite de sa main, au bas de sa photographie qu’il daignait leur offrir : « Je bénis les scouts catholiques français en union avec leurs frères les scouts catholiques anglais ». Déjà la stature du Père Sevin se fait connaître et il est sollicité par d’autres associations. C’est ainsi que naît « l’OFFICE INTERNATIONAL DU SCOUTISME CATHOLIQUE » et la croix potencée devient un symbole catholique fort. Dès 1920. Le Père Sevin fait connaître le scoutisme catholique et dès 1920 BADEN-POWELL déclare ainsi : « Une proportion croissante du mouvement scout prit dans son ensemble est catholique et je me réjouis qu’il en soit ainsi ».

 

A son tour, en Février 1921, son éminence le CARDINAL DUBOIS, archevêque de Paris adressait au CHANOINE CORNETTE la lettre suivante : « Ce m’est une joie et une espérance de voir grouper notre jeunesse sous les auspices de l’autorité ecclésiastique pour une formation physique et morale, inspirée des purs principes et des saines règles de la Doctrine Catholique (…) le but des Scouts de France  est de faire revivre une discipline appropriée aux conditions de la vie actuelle, l’idéal si chrétien, si français de LA CHEVALERIE. Puissent-ils tous y tendre de grand cœur et servir ainsi généreusement Dieu, leur Patrie, leurs familles, dans les sentiments les plus fraternels (…) j’applaudis d’avance à tous leurs efforts et je bénis votre sacerdotal et patriotique labeur ».

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Les SDF au Jamboree 1920 à Richmond Park

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Les fondateurs des Scouts de France

1920/1929
1920/1929 : Structuration et développement des SDF

La structuration des SDF se compose entre autres d’un président et de commissaires. Le « PRÉSIDENT » des SDF, aussi appelé « CHEF SCOUT » a un rôle variable mais il n’est pas le responsable exécutif contrairement au « COMMISSAIRE GÉNÉRAL ».  C’est ce dernier qui est responsable des SDF. Il est parfois accompagné d’adjoints pour l’aider dans un domaine particulier. En 1920 c’est donc le PÈRE SEVIN qui est commissaire général et le président est le GÉNÉRAL DE MAUD’HUY, remplacé l'année suivante par le GÉNÉRAL GUYOT DE SALINS.

En 1921, quinze scouts participent au JAMBOREE DE RICHMOND PARK près de Londres. Suite au camp commun de La Croix Saint Ouen réunissant les chefs EDF, EUF et SDF, les chefs des SDF comprennent l’importance de la formation et décident de chercher un lieu pour former leur propre camp. Grace aux relations du CHANOINE CORNETTE, le DOCTEUR AMODRU propriétaire du château de CHAMARANDE et de son parc de 92 hectares autorise les SDF à utiliser son domaine pour le premier camp national de 1922. Il sera utilisé jusqu’en 1948 ! Lorsque le PÈRE SEVIN revient de GILWELL, il revient honoré de la BADGE DE BOIS, brevet décerné par BADEN-POWELL et l'autorisant à fonder un camp de formation de chefs internationalement reconnu. En Mars 1922 naissait aussi la revue « LE CHEF », organe des chefs SDF et dont Macédo est le secrétaire général. En Juillet 1922, le premier annuaire fédéral apparaît : les SDF comptent désormais 88 troupes. Le même mois, 600 scouts et 30 louveteaux participent au premier camp national des Scouts de France.

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Rallye SDF de Chamarande en 1922

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Général Guyot de Salins

L’année 1923 voit la fondation du premier groupe marin associé à l’historique groupe Saint Louis de Paris. Ce sont EDOUARD DE MACEDO et le CHANOINE CORNETTE qui le dirigent. Cette même année, c’est aussi la création de la branche féminine sur l’exemple des SDF : ALBERTINE DUHAMEL et MARIE DIEMER fondent les GUIDES DE FRANCE. Le château d’Argeronne sera leur haut lieu du scoutisme féminin.  Début 1923 c’est aussi la parution de la revue pour les éclaireurs : « LE SCOUT DE FRANCE ». Les SDF créent aussi les « CHEVALIERS DE FRANCE », dignité assez élevée au sein de l’association. En 1924, le mouvement continue son développement et s’étend désormais à 9 provinces. Cette année, c’est aussi la création de « LA HUTTE », magasin des SDF destiné à l’approvisionnement et le matériel de scoutisme. A la direction, EDOUARD DE MACEDO seconde le GÉNÉRAL GUYOT DE SALINS au poste de présidence et entre 1924 et 1927.

 

L’année 1925 est une année chargée pour les SDF : afin de garantir le jubilé et le succès du PÈLERINAGE DE ROME, le comité décide de renoncer au camp national et de le reporter au mois d’Août 1926. Le dimanche 30 Août 1925, environ 1500 uniformes anglais, français et belges se retrouvent dans la nef de Notre-Dame de Paris afin de se réunir avant le départ pour Rome. Le CHANOINE CORNETTE déclare alors : « Au moment où nous allons partir pour Rome, répondant à l’appel de nos frères scouts italiens, nous avons la volonté d’accomplir un acte de foi (…) » Entre 8000 et 10000 scouts de vingt nations se retrouvent à Rome pour l’année jubilaire dont une délégation de 650 SDF.  Le PAPE PIE XI leur réserve une ovation de 10 minutes !

 

1925, c’est aussi la création de la 1ERE LOURDES – TROUPE DE L'IMMACULÉE CONCEPTION, qui a pour but de grouper les chefs scouts ou aînés qui désirent apporter leur soutien aux hospitaliers de Notre-Dame de Lourdes ou ceux de Notre-Dame du Salut. Elle n’a d’existence effective que durant les pèlerinages. Cette année, c’est aussi le début des SCOUTS ROUTIERS afin de donner aux aînés le moyen de se définir, s’orienter et s’entraider. Proposé par EDOUARD DE MACEDO, le PÈRE DONCOEUR en a été nommé aumônier et MARCEL FORESTIER chef délégué. Le premier « CONGRES NATIONAL DES CHEFS » a lieu sur Dijon en Décembre 1925. C’est la première fois que les commissaires, scoutmestres, assistants, cheftaines, louvetiers et instructeurs de toute la France vont se rencontrer en tant que chefs. Car il faut savoir qu’à Chamarande tout le monde redevient un simple scout.

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1925 : les dirigeants des associations à Rome

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1926 : rassemblement national louveteaux de Chamarande

Depuis 1926 et avec le développement incessant des unités, il est décidé d’organiser 4 fois par an un conseil national des commissaires SDF. Cette année marque surtout le premier rassemblement national des louveteaux à Chamarande en Août 1926. Organisé par le PÈRE SEVIN, il regroupe environ 35 meutes et 300 louveteaux. Ses assistants sont ANDRE NOËL, PAUL COZE et M. LALLIER plus deux cheftaines. Les SDF comptabilisent déjà 8000 membres.

L’année 1927 est marquée par la reconnaissance de l’association comme étant une « ASSOCIATION D’UTILITÉ PUBLIQUE » par le gouvernement français. Cela ne se fait pas sans le compromis d'une réorganisation des SDF qui ne sera pas sans conséquence : le Père Sevin qui continue son idée « D'ORDRE SCOUT » commence à être mis à l'écart.  Toutefois, elle laisse place les SDF parmi les institutions « utiles » au pays, nécessaires pour son rayonnement et son épanouissement. Cette année, c’est aussi le début du « SCOUTISME D’EXTENSION » destiné aux personnes porteuses d’un handicap physique ou mental. Autre événement majeur de l’année, le RASSEMBLEMENT INTERNATIONAL A LOURDES. Les 2000 Scouts de France sont accueillis du 13 au 16 Juillet à Lourdes par MONSEIGNEUR SCHOEPFER, très ému de l’enthousiasme catholique des jeunes. En Juin 1928 sont aussi créés les « AMIS DES SCOUTS », regroupant essentiellement des parents et sympathisants des SDF et dans l’objectif d’aider le mouvement financièrement et moralement.

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Le rassemblement national de Lourdes en 1927

1929 est une année chargée pour les SDF. Cette année, c’est le 5ème centenaire de Sainte Jeanne d’Arc.  En Mai, près de 4000 scouts de toutes les provinces défilent pour la fête Johannique à Orléans. A Paris est organisé le GRAND DÉFILÉ POUR SAINTE JEANNE D’ARC. Environ 4000 scouts de toutes associations confondues (SDF, EU et EDF) défilent pendant une demi-heure devant la statue de Sainte Jeanne d’Arc. Commencé en 1917, le Père Sevin finit d'écrire son livre sur « LE SCOUTISME » en 1929. C'est le manuel de référence sur la pédagogie scoute catholique. Le chanoine Cornette reçoit la LÉGION D’HONNEUR en fin d’année. Un système « D’OFFICE DE PLACEMENT » est créé pour faciliter les grands scouts et routiers à la recherche d’une situation. Mais cette année est aussi marquée par le JAMBOREE DE BIRKENHEAD près de Liverpool. Environ 50000 scouts s’y retrouvent avec 2500 français dont 1500 SDF. Avec 750 bâtons et 10 kilomètres de ficelle, les scouts français construisent une réplique de la tour Eiffel : elle mesure 16 mètres de haut ! A l’aube des années 30, les SDF sont désormais plus de 20.000 !

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Défilé de Sainte Jeanne d'Arc en 1927

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La tour Eiffel du Jam

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Vue aérienne du Jamboree 1929

1930/1939 - La vie fière et joyeuse des SDF
1930/1939

En 1930, avec la France, les SDF commémorent le CENTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA CONQUÊTE D’ALGER et par là le début de l’empire colonial français en Afrique du nord. L’association en fait largement la promotion dans la plupart de ses revues jusqu’en 1931 et insiste sur le côté évangélisation de ces terres.  Cette année, c’est aussi le premier camp école préparatoire des SCOUTS-MARINS à Pornic, le Pèlerinage national à Lourdes avec 300 SDF de province et 200 scouts irlandais, accueillis par MONSEIGNEUR GERLIER.  En Avril, PIERRE GOUTET, MICHEL RICHARD et FRANCOIS BLOCH-LAINE fondent sous la présidence de LÉON CHANCEREL le « GROUPE D’ÉTUDES ET DE RÉALISATIONS THÉÂTRALES SCOUTES ». Fin Juin 1930 commence la « MISSION PAUL COZE » en Amérique du nord avec le docteur HENRY DESCHAMPS, le botaniste GABRIEL EYMONNET, le dessinateur RAYMOND GID et le photographe CLAUDE BEAUDROIT. Tous scouts, ils effectuent des observations ethnologiques et naturalistes dans ces régions. Le 29 Juillet 1930, M. ANDRÉ TARDIEU, président du Conseil et ministre de l’Intérieur vient remettre la croix de chevalier de la légion d’honneur au CHANOINE CORNETTE, aumônier général des SDF.

 

Le 30 Mai 1931, des milliers de SDF venant principalement d’île de France et de Normandie viennent commémorer le martyre de Sainte Jeanne d’Arc. Une messe est célébrée par MONSEIGNEUR PETIT DE JULLEVILLE, évêque de Dijon qui trouve ces mots si justes : « faire son devoir, le faire quoi qu’il advienne, pour Dieu et avec Dieu ». La messe s’achève alors qu’au pied de l’autel les aumôniers distribuent encore la communion ! Cette année marque aussi la FÊTE INTERFEDÉRALE DU SCOUTISME AU STADE PERSHING avec 7000 scouts et louveteaux, le CAMP ROUTIER INTERNATIONAL DE KANDERSTEG  avec 50 français dont 25 SDF et il serait injuste de ne pas citer la construction d’un « remake » de la tour Eiffel par les scouts d’Orléans : 23 mètres de haut, 2800 bâtons et 30km de corde ! C'est aussi la parution de la revue « LOUVETEAU » pour la branche des 8 à 11 ans.

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1930 : Haie d'honneur au chanoine Cornette

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SDF en colonies françaises d'Afrique du nord

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1931 : Défilé des fêtes Johanniques à Rouen

En 1932, RENÉ MICHEL LHOPITAL devient commissaire général des SDF. Le 1er Mai est ouvert le « PREVENTORIUM » des SDF, organisme d’entraide. L’année est marquée par le pèlerinage des SDF pour le 29ème JUBILE DE NOTRE DAME DU PUY. Sous la conduite du CARDINAL VERDIER, elle compte près de 200 000 pèlerins et les SDF sont mis à l’honneur avec la troupe de comédiens routiers. Au mois d’Août, les SDF participent aussi à l’inauguration de L’OSSUAIRE DE DOUAUMONT ou de nombreux drapeaux SDF vont défiler. Les « COURS DE ROUTE » sont désormais innovés à Chamarande. 

En 1933, les SDF dépassent désormais les 50.000 effectifs. Le 4ème Jamboree mondial à lieu à GÖDÖLLÖ en Hongrie rassemblant 26.000 scouts de 32 pays et 21 territoires dont 1500 français. Après la création du premier « COURS D’AUMÔNIERS », le PÈRE SEVIN est critiqué par certains de ces collaborateurs ce qui conduisit à son renvoi. Après plus de 10 ans mestre de camp à CHAMARANDE, des dizaines de cours, il accepte avec humilité. Il se consacre alors entièrement à son PROJET D'ORDRE SCOUT.

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1932 : les SDF à Notre-Dame du Puy

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1933 : Rassemblement des SDF au Jamboree de Gödöllö

En 1934, pour la canonisation de Dom Bosco et la clôture de l’année sainte, un millier de SDF partent en PÈLERINAGE A ROME. Le 27 Juillet 1934, le président d’honneur des SDF et MARÉCHAL DE FRANCE LYAUTEY décède. Les SDF lui feront un dernier adieu. Cette année, le CARDINAL VERDIER vient aussi visiter le 25ème cours de Chamarande et en fin d’année, BADEN-POWELL rend visite en France à Toulon : 800 SDF et GDF l’acclament sympathiquement. Après des années de collaboration qu’il accorde à la revue « Le scout de France », PIERRE JOUBERT devient illustrateur officiel du mouvement. En 1935, les routiers effectuent le 2ème ROVER-MOOT mondial en Suède avec 160 français dont les SDF D’ANDRE CRUIZIAT

En 1936, les SDF font la promotion du gouvernement colonial français en CENTRE-AFRIQUE « Où se trouve le scout de France qui n’a pas rêvé d’être un colonial ? » Après le décès du Chanoine Cornette en Septembre 1936, le PÈRE MARCEL FORESTIER devient aumônier général des SDF. Le GÉNÉRAL DE SALINS décédait un mois plus tôt. D’autres changements organisationnels sont en cours : HENRI GASNIER devient commissaire général et le GÉNÉRAL JOSEPH LAFOND président des SDF, secondé de BERNARD DE KERGOLAY. Les SDF sont désormais 60000 ! Pour le 25ème anniversaire du scoutisme français, BADEN-POWELL profite de sa visite à Paris pour rendre hommage au Chanoine Cornette et au Général de Salins devant pas moins de 25000 scouts !

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BP à Paris ou il rend hommage au Général et le Chanoine Cornette

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En 1937, le 5eme jamboree mondial se fait à VOGELENSANG-BLOEMENDAAL aux Pays-Bas. Avec près de 30000 scouts de 37 nationalités différentes, les SDF représentent 1200 effectifs. C’est ici que GUY DE LARIGAUDIE, ROGER DRAPIER feront étape avec leur vieille Ford cylindrée, la « JEANNETTE » : pour effectuer le fameux tour du monde « Paris – Saïgon ». Une délégation des SDF dont plusieurs routiers sont aussi présents au COURONNEMENT DU ROI GEORGES VI à Londres. En 1937 est créée la collection « SIGNE DE PISTE » au sein des éditions Alsatia : SERGE DALENS et JEAN-LOUIS FONCINE (de son vrai nom PIERRE LAMOUREUX) sont les plus connus dans les premières années d’édition.

1938 : la France célèbre le 3ème centenaire de la CONSÉCRATION OFFICIELLE DU PAYS A NOTRE-DAME. Avec 500 chefs, quelques 6500 SDF et 3000 GDF défilent en l’honneur de Sainte Jeanne d’Arc à Paris. En Avril, 3 scouts marins routiers de Marseille périssent dans un naufrage avec le TARTANE « SAINT LOUIS ». C’est un deuil national… « Comprends-tu mieux maintenant la grandeur et la noblesse de notre métier scout : on ne peut en mourir qu’en accomplissant un sauvetage héroïque ou simplement en faisant comme un scout le service demandé ». Le mois suivant, Guy et Roger finissent leur exploit « PARIS-SAÏGON ». Ils sont passés par la Syrie, l’Afghanistan, de delta du Gange et les collines inexplorées de la Birmanie. Une MARCHE DE PASSATION AU FLAMBEAU est organisée pour Sainte Jeanne d’Arc qui traverse la France d’Ouest et Est : Rouen, Paris, Beauvais, Reims et Domrémy. En fin d’année, le scoutisme est interdit en Autriche. La France est en danger…

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Guy de Larigaudie et Roger Drapier prêt pour le départ avec leur "Jeannette"

Affiche pour le grand concours de signalisation

Hommage à Notre-Dame pour le tri-centenaire de sa consécration au pays

Après le décès de Pie XI en Février 1939, le CARDINAL PACELLI qui devient PIE XII bénit les scouts : « Dites aux scouts que je les aime beaucoup. Portez-leur la meilleure de mes bénédictions ». Cette année, les SDF effectuent un GRAND JEU INTERNATIONAL DE SIGNALISATION qui traverse de part et d’autre le pays. Parti de 11 lieux différents, elle se rejoint dans 5 villes : Paris, Lyon, Strasbourg, Toulouse et Le Mans. Le quartier général SDF dispose désormais d’un délégué du commissaire général pour les « SCOUTS DE L’AIR ». Septembre 1939 : LA GRANDE GUERRE perturbe tout le mouvement. Dès le début, l’esprit scout patriotique s’accomplit : près de 7000 chefs scouts toutes associations confondues partent aux armées défendre la Nation et HENRI DHAVERNAS devient commissaire général par intérim. Le CARDINAL VERDIER, archevêque de Paris bénit les scouts : « Je veux vous dire ma fierté ! Vous êtes mis au premier rang des serviteurs du pays. Votre dévouement à l’heure si pénible de l’évacuation a été admirable (…) Jamais votre idéal ne fut plus beau, plus chrétien, plus français ! (…) »

1940/1949 : Guerre et prémices des changements SDF
1949/1949

En 1939 les SDF sont 75 000 et seulement un tiers d’entre eux se trouvent en zone libre. Question pratique, en 1940 l’organisation se scinde en deux : PIERRE DELSUC est commissaire général pour la zone nord, dite « occupée » et dont le quartier général se situe à Vichy puis Lyon et EUGÈNE DARY  pour la zone sud, dite « libre ». De nombreux scouts entrent en résistance, tel ROGER HOLEINDRE qui dérobera de nuit et à 15 ans des mitraillettes à l’occupant allemand. Les conditions nationales incitent tous les mouvements scouts français à se rassembler sous la « FÉDÉRATION DU SCOUTISME FRANÇAIS » créée en Décembre. L'année 1940 marque aussi le décès du CARDINAL VERDIER, grand protecteur historique des SDF et de GUY DE LARIGAUDIE, mort au champ d’honneur.

 

Le « SCOUTISME FRANÇAIS » est agréé en Juillet 1941 et un ami du MARÉCHAL PÉTAIN, le GÉNÉRAL LAFONT est son chef. C’est à son initiative que la « CHARTE DE L’ORADOU » est adoptée pour que les ÉCLAIREURS ISRAÉLITES DE FRANCE continuent leur scoutisme malgré leur interdiction officielle. L’ÉTAT FRANÇAIS veut faire du scoutisme français un modèle d’éducation pour la jeunesse « (…) alors de tout ton pouvoir aide la Maréchal à faire la révolution de la France. Pour Dieu, ne nous déçoit pas ». Cette année, L’ABBÉ GROS édite son manuel liturgique traditionnel de poche et PIERRE-LOUIS GUÉRIN lance « LES CIGALES », un réseau SDF spécialisé dans le chant et la musique.

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Maréchal Pétain

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Général Lafont

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Pierre Delsuc

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Eugène Dary

1942 est marqué par le PÈLERINAGE DU PUY orchestré par le PÈRE DONCOEUR qui mobilise tous les clans routiers de France et ou toute la jeunesse de France est conviée. LE PÈRE FORESTIER, aumônier général des SDF déclare : « Je demande que notre attention soit fixée sur l’idée centrale de ce pèlerinage qui est d’aller porter nos supplications pour la France souffrante, demander la libération et le retour des prisonniers, et le maintien de l’unité française ». Trois mots d’ordre sont fixés : PÉNITENCE, CONFIANCE et ESPÉRANCE. L’Association Catholique de la Jeunesse Française, les Compagnons de France, les représentants des Chantiers de Jeunesse, des séminaristes, des Pénitents blancs, des écoles et beaucoup d’autres répondent à l’appel. Au final, les 2000 SDF se fondent dans les 60.000 pèlerins. L’appel a été entendu ! A ce pèlerinage, le chef JEAN RUPP y fait la connaissance du PÈRE REVET. Parallèlement à ces événements naît un « SCOUTISME DE CAMPS PRISONNIERS »

 

Pendant ces années terribles, les SDF insistent sur les fêtes catholiques du 1er Novembre « fête de tous les saints » et du 2 Novembre « commémoration de tous les morts ». Marginalisé par certaines prises de positions, le PÈRE DONCOEUR se retire des SDF en 1943. « MISSION DE FRANCE » qui représente une partie du clergé progressiste commence à jouer d’influences au sein des SDF. De son côté, le PÈRE SEVIN fonde finalement la « CONGRÉGATION DE LA SAINTE CROIX DE JÉRUSALEM » en 1944, un ordre féminin dirigé par l’ancienne GDF JACQUELINE BRIÈRE. Les SDF organisent en Mars une « JOURNÉE DES ABSENTS », journée de BA pour les prisonniers. Le 25 Août, l’ancien CNE JEAN-PIERRE ALOUIS est tué lors de la libération de Paris. PIERRE DELSUC devient commissaire général des SDF.

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Père Doncoeur

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1942 : Pèlerinage du Puy

A la fin de la guerre, non seulement les SDF n’ont pas perdu d’effectifs mais ils sont près de 120.000 membres. Toutes associations confondues, 7000 scouts furent prisonniers pendant la grande guerre de 39/45 et 3000 sont morts au champ d’honneur, souvent en héros. Fait prisonnier, MARCEL CALLO meurt en Mars 1945 dans un camp en Allemagne. Un assistant témoigne de son idéal scout « Marcel avait le regard d’un saint ». Cette année, le SCOUTISME FRANÇAIS devient partenaire du nouveau « MINISTÈRE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS », qui organise un grand défilé à Paris pour la Saint Georges.

En 1946, GEORGES GAUTHIER devient commissaire général des SDF et PIERRE DELSUC en devient président. Initialement prévu en 1946, le 6ème  jamboree scout mondial, « JAMBOREE DE LA PAIX » a lieu à Moisson en France en 1947. Près de 40.000 campeurs de 70 nationalités différentes y participent. Notons la présence de 300 scouts dont une centaine d’étrangers de la branche « EXTENSION », spécialement dédiée aux porteurs d’handicap physique ou mental. MICHEL MENU devient Commissaire National Éclaireurs. Cette année, les « AMIS DES SCOUTS ET DES GUIDES » se transforment et deviennent « VIE NOUVELLE » avec ANDRÉ CRUIZIAT et PIERRE GOUTET. Ces deux responsables historiquement opposés au projet D’ORDRE SCOUT du PERE SEVIN confirment la nouvelle orientation que prennent les SDF après la guerre. Entre autres, « VIE NOUVELLE » prend ouvertement position sur des sujets politiques tel que le soutien officieux du FLN, ou religieux comme les pré-réformes liturgiques. Ailleurs, et en désaccord avec les EDF, MARCEL LEPAGE fonde les ÉCLAIREURS NEUTRES DE FRANCE dont GEORGES BERTIER, fondateur des EDF le rejoindra en 1952.

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1947 : Défilé à la fin du Jamboree mondial de la paix

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Des raiders en mission sur une moto

En 1948, PIERRE DELSUC quitte ses fonctions SDF et laisse la présidence à JEAN DURIEZ-MAURY pour plus de 15 ans. De son côté, MICHEL MENU crée les « RAIDERS ». Un titre de qualification scout élevé techniquement pour remonter le niveau des troupes. De fait, elle commence à répartir deux types de troupes : celles techniques avec une moyenne d’âge élevée, et celles classiques avec une moyenne d’âge traditionnelle. Si elle attire de nombreuses troupes, certains cadres verront en cette nouveauté les prémices des réformes pédagogiques.

1950/64 : Discordes pédagogiques et réformes SDF
1950/1963

En 1951 le PÈRE PIERRE-ANDRE LIÉGÉ devient aumônier national de la branche route SDF. Avant sa mort survenue en Juillet, le PÈRE SEVIN délègue sa mission D’ORDRE SCOUT à JEAN RUPP, qui devient évêque en 1955. Cette année, le 7ème jamboree scout mondial se tient à SALZKAMMERGUT BAD-ISCHL en Autriche. Il rassemble 13000 scouts de 61 pays dont près d’un millier de scouts de France. En 1951, MICHEL MENU fonde les « PATROUILLES LIBRES » avec leurs foulards noirs et suite au décès du propriétaire, les SDF quittent CHAMARANDE pour JAMBVILLE près de Mantes-la Jolie dans les Yvelines. Le centre de formation des chefs ouvre en 1952. Fatigué, GEORGE GAUTHIER quitte son poste de commissaire général et laisse sa place à l’ancien CNR MICHEL RIGAL.

 

Le début des années 50 est un jeu de chaises musicales et la nouvelle organisation des SDF suit son cours : PAUL RENDU devient commissaire national route en 1954. Après certaines dérives syndicalistes et politiques des « PRÊTRES OUVRIERS », le pape PIE XII suspend la « MISSION DE FRANCE » avant de recréer la fondation sous la direction du PÈRE JEAN MOREL, ancien aumônier national éclaireurs. De nombreux aumôniers SDF en font désormais partie. C’est aussi cette année que les « FONDAL » (Jean-Louis Foncine et Serge Dalens) gèrent la collection « SIGNE DE PISTE ». C’est en 1954 que commence la GUERRE D’ALGÉRIE, conflit qui va une fois de plus diviser le scoutisme français.

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George Gauthier

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Michel Menu

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L'ENR des années 50 : Liégé, Rendu, Rigal, Chesnais

En 1955, le PÈRE FORESTIER part brusquement des SDF et le CHANOINE MICHEL DE METZ-NOBLAT devient l’aumônier général des SDF. Cette année c’est le 8ème jamboree mondial qui se tient à NIAGARA-ON-THE-LAKE au Canada. Il rassemble 11000 scouts de 71 pays dont quelques centaines de SDF. Après le rallye de 1000 raiders en Auvergne, l’ambiance des SDF fait fuir le CNE MICHEL MENU et la CNL FRANÇOISE PISTRE dans l’année 1956.

 

En 1957 la guerre d’Algérie divise la France. Le chef scout routier JEAN MULLER membre de l’équipe nationale SDF est fait prisonnier en Algérie et publie dans le journal « TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN » certains aspects de la guerre. Ces lettres partisanes et dont certaines sont signées sous l’autorisation de la commission SDF sont à l’origine de la « CRISE DE LA ROUTE » et d’un profond malaise chez les dirigeants SDF. En 1957 se tient le neuvième jamboree mondial de SUTTON-PARK en Angleterre avec près de 30000 scouts de 80 pays. Le PAPE PIE XII laisse un message aux scouts : « Dans un monde qui cède à l’immoralité et s’abandonne avec insouciance aux facilités de l’existence, que ce Jamboree soit comme l’affirmation d’une jeunesse fière de sa loi de pureté, de courage et de noblesse, qui n’est que l’écho de la morale inscrite par Dieu au cœur de l’homme ».

 

A la suite du décès du PAPE PIE XII en Octobre 1958, le Cardinal Roncalli devient le pape JEAN XXIII. A la suite des crises successives chez les SDF, l’ancien commissaire général PIERRE DELSUC démissionne du Conseil National SDF. C’est une nouvelle grande perte pour le mouvement. FRANÇOIS LEBOUTEUX devient CNE en 1959 et propose une réforme sur la répartition d’âge chez les éclaireurs. Côté aumônerie, le FRÈRE GÉRALD HÉGO devient aumônier général. Le dixième jamboree mondial se tient à MONT MAKILING dans les Philippines. L’année 1961 marque la date du décès du PÈRE DONCOEUR et en 1962 le Pape Jean XXIII écrit une « PRIÈRE DU SCOUT A MARIE ».  

 

En 1963, L’ABBÉ PERROT, chef de file de « MISSION DE FRANCE » et aumônier général des GDF depuis 1948 devient aussi aumônier général des SDF. Il se permet de remettre en question le positionnement évangélique de l’Eglise face au monde qui se paganise : ce n’est pas sans émules. Avant même l'application du CONCILE VATICAN II, les SDF organisent déjà des messes « modernistes ». Le 11ème jamboree mondial se tient à MARATHON en Grèce avec 14000 scouts de 89 pays. Cette année, PETER FLETCHER devient le président général des SDF. Suite à la mort de Jean XXIII en Juin 1963, le Cardinal Montini est élu sous le nom de PAUL VI.

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François Lebouteux

Expériences de nouvelles messes chez les SDF. Les mouvements de jeunesses servent aussi de précurseurs aux applications liturgiques modernes du Concile Vatican II.

Vingt ans après la guerre, une génération est passée et les mentalités se sont « modernisées ».  A partir de 1964, et malgré un système de vote douteux, FRANÇOIS LEBOUTEUX décide d’appliquer rudement les nouvelles réformes pédagogiques. Passant pour un assouplissement de la discipline, elle remet en cause l’origine de la pédagogie traditionnelle « BP / SEVIN ». Entre autres, elle supprime de nombreuses références au CÉRÉMONIAL, redéfinit L’ENGAGEMENT DE LA PROMESSE et scinde la branche éclaireurs en deux : les « RANGERS » pour les 12 / 14 ans et les « PIONNIERS » pour les 14 / 18 ans. L’ambiance de 1964 résume à elle seule la nouvelle révolution pédagogique : « Au lieu de produire un homme capable de se débrouiller en toutes circonstances, et qui met ses compétences au service de la société, nous allons aller beaucoup plus vers un homme intégré dans une société, qui est certainement à la fois plus collective et plus socialisée ». Les SDF, tout comme les GDF ou les autres grands mouvements français de la Fédération du Scoutisme Français ne se considèrent plus comme « MOUVEMENT D'ÉDUCATION » mais comme « MOUVEMENT DE JEUNESSE ».

Le scoutisme catholique français après les réformes
Après 1964

Face aux réformes pédagogiques SDF, la contestation publique se présente sous plusieurs organisations de profils variés. Notons principalement le « COMITÉ DES MILLE » en 1964 avec CLAUDE PEIGNOT (ancien commissaire et membre de l'ENR), HENRI MONTALBETTI (ancien commissaire de district), MICHEL RICHARD (ancien responsable route) et leur revue « CHAM66 », le réseau « RÉFLEXIONS DE SCOUTMESTRES » en 1965 avec MICHEL MENU (ancien CNE) et MAURICE TRAVERS (ancien assistant du commissaire général SDF) publiant une revue pour les chefs unitaires,  « L’ASSOCIATION POUR LE SOUTIEN AU SCOUTISME » en 1965 présidé par CLAUDE PEIGNOT puis FRANÇOIS DE BRETIZEL (ancien commissaire provincial et membre du conseil national SDF) et la revue « RAID » pour les éclaireurs unitaires publiée dès 1967. Tous plus ou moins liés, ils coexistent sans finaliser de proposition concrète face à la politique menée par la maison mère SDF. Le dialogue entre ces associations et le quartier général devient inespéré pendant plus de 5 ans.

 

Sans perdre de temps, certains décident de créer des associations parallèles aux SDF, sur le modèle originel des SDF pré-réformes. Après la création locale des « SCOUTS DU DISTRICT DE PARIS » en 1963 devenus « SCOUTS BADEN POWELL » en 1965, un autre projet de « FÉDÉRATION DES SCOUTS » est initié par JACQUES BERARD et PIERRE CHALEIL en 1964 mais sans soutien fort, le projet est avorté. Naissent aussi de multiples groupes indépendants tels que les « ROBIN’S WOOD » sur Angers en 1964. En 1966, Michel Menu propose les « JET-SCOUTS » puis les « EXPLORERS » mais c’est un nouvel échec. Finalement, le PÈRE REVET, HENRI MONTALBETTI, IRÈNE RIVIÈRE et HUBERT VERLEY fondent les « SCOUTS SAINT GEORGES » et elle devient la première organisation structurée au niveau national dès 1968. Elle est issue d’une part des antis réformistes SDF et de certains SCOUTS D’EUROPE qui avaient déjà récupéré quelques troupes SDF. En effet, pas moins de 15 troupes avaient déjà rejoint « L’ASSOCIATION DES GUIDES ET SCOUTS D’EUROPE ».

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Scènes de vie du scoutisme unitaire à la fin des années 60

Suite au CONCILE VATICAN II, l’année 1969 marque l’imposition de LA NOUVELLE MESSE dès le mois de Novembre. En France, les évêques l’imposent avec une violence morale inouïe à tous les membres du clergé en proscrivant l’ancien rit et punissant les prêtres réfractaires. Les unités scoutes dites « traditionalistes » et voulant garder la messe en latin sont le plus souvent bannies des mouvements. Cette année, MICHEL MENU qui n’a pas réussi à imposer ses projets préfère continuer son chemin seul et crée les « GOUMS ».

 

Chez les SDF, MICHEL RIGAL démissionne en 1970 et laisse à EMILE-XAVIER VISSEAUX la consommation de la rupture avec les unitaires. Marginalisée et considérée comme rigoriste, ou plutôt comme non conforme à la vision moderne des SDF, les Saint Georges peinent à se développer. Certaines associations interdites d’entrer à la « FÉDÉRATION DU SCOUTISME FRANÇAIS » finissent par créer la « FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SCOUTISME » en Septembre 1970. Pendant ce temps, l’AGSE menée par PIERRE-GERAUD KERAOD comporte une structure importante développée depuis 10 ans et récupère encore une trentaine de troupes SDF jusqu’en 1971. Elle compte déjà près de 10.000 membres. Cependant plusieurs groupes ne souhaitent pas cette vision européenne du scoutisme. Ainsi naissent d’autres groupes indépendants tels que les « SCOUTS DE CAEN » en 1969, les « SCOUTS D’ARTOIS » et les « SCOUTS ET GUIDES SAINT LOUIS » en 1972.

 

Des actifs SDF tel que MARC DUGOIS, OLIVIER LEGENDRE ou le PÈRE WERQUIN, aumônier du groupe historique Saint Louis de Paris et JEAN DEBAEKE (ancien AGSE) n’arrivent ni à négocier avec les SDF réformistes, ni avec l’AGSE pour organiser un mouvement unitaire proprement français. En parallèle des Saint Georges déjà existants et après plus de 2 ans d’échanges sans résultats, MONSEIGNEUR RUPP, PIERRE DE MONTJAMONT et une cinquantaine de chefs SDF décident de créer les « SCOUTS UNITAIRES DE FRANCE » en 1971. 

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Scoutisme unitaire : mouvement déducation

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Chemises rouges : mouvement de jeunesse

Chez les SDF réformistes, un rapprochement est effectué en 1976 avec les GUIDES DE FRANCE notamment par la création d’une branche aînée commune au sein de la « JEUNESSE EN MARCHE » mais le projet avorte en 1981. DOMINIQUE BENARD remplace Emile-Xavier Visseaux en 1977 jusqu’en 1983 et ROBERT WETTSTEIN lui succède. Suivent BERTRAND CHANZY en 1988, PHILIPPE DA COSTA en 1995 (très ami avec la ministre communiste Marie-Georges Buffet) et CLAUDE MORAEL en 2002. Finalement, les SDF et GDF fusionnent en 2004 pour créer les « SCOUTS ET GUIDES DE FRANCE ». Après 84 ans d’existence, l’association des Scouts de France est officiellement dissoute. Nous sommes 71 ans après la mise à l’écart du PÈRE SEVIN en 1933 et des générations ont eu le temps de bien modifier les mentalités. 

 

En plus des réformes pédagogiques SDF, la crise du libéralisme éclate l’Eglise entre courants « traditionnalistes » et courant « modernistes ». L’application du « CONCILE VATIVAN II » va engendrer de nouvelles associations. Les « SCOUTS SAINT GEORGES » qui acceptaient les unités traditionalistes  finissent par fusionner chez les SUF dans les années 70 qui, comme l’AGSE, ont du mal à tolérer l’identité de ces groupes. Ainsi est créée les « SCOUTS ET GUIDES DE BOURG LA REINE » en 1976 (avant de devenir la « FÉDÉRATION ORDRE SCOUT » dix ans plus tard), les « SCOUTS CATHOLIQUES NOTRE DAME » et les « CADETS DE FRANCE » en 1977, le « GROUPE HENRI DE LA ROCHEJACQUELEIN » en 1979 puis en 1980, l’association des « SCOUTS ET GUIDES CATHOLIQUES DE FRANCE » avec IRÈNE RIVIÈRE, le PÈRE REVET, HENRI MONTALBETTI et MONIQUE CHANTEREAUX. Cette association fera un gros travail de fédération des groupes catholiques traditionalistes, le dernier connu à ce jour. N’oublions pas les « SCOUTS DE RIAUMONT » qui sont passés successivement dans plusieurs mouvements avant de créer leur propre association.

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Scoutisme catholique traditionnel dans les années 2000 (ici le Groupe Henri de La Rochejacquelein)

Les sacres de MONSEIGNEUR LEFEBVRE en 1988 puis l’accident de PERROS-GUIREC en 1998 vont grossir les rangs des « SCOUTS GODEFROY DE BOUILLON » créés en 1982 et des « EUROPAS SCOUTS » repris en 1986. Les Scouts et Guides Catholiques de France finissent par s’éteindre laissant la place aux « SCOUTS DE DORAN » en 2003. Un groupe indépendant des « SCOUTS DE SAINT MALÔ » est créé en 2005 en Bretagne. D’autres initiatives hors du milieu traditionnaliste ont eu lieu en France telles que les « SCOUTS ET GUIDES SAINT BENOÎT » en 1976, les « SCOUTS DON BOSCO » en 1979, mais aussi les « SCOUTS SAINT ANDRÉ », les « SCOUTS DE LA FORÊT DE BROCÉLIANDE », les « GUIDES UNITAIRES CHRÉTIENNES », les « SCOUTS SANS FRONTIÈRES », « L’UNION DES ÉCLAIREURS », les « SCOUTS DES CLUSES », le « SCOUTISME UNITAIRE MONTALBANAIS », les « ÉCUYERS SAINT MICHEL » et bien d’autres encore.

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